ANR EPIGENDER - Influence des normes de genre sur les marqueurs épigénétiques de santé (2022-2026)
Projet porté par Raphaëlle Chaix (CNRS) et Frédéric Bourdier (UMR Développement et Sociétés / IRD)
La domination masculine est quasiment universelle : les femmes ont moins d’accès aux ressources, moins d’autonomie, moins de soutien social et reçoivent moins d’investissement parental que les hommes. Ce projet cherche à évaluer l’influence de ces normes de genre sur la santé des individus. Il est souvent difficile de distinguer l’effet des normes de genre de celui d’autres variables avec lesquelles elles covarient.
Ce projet étudie 12 populations d’Asie présentant une variabilité d’organisations sociales, mais partageant le même environnement écologique, culturel et économique. L’organisation sociale est un bon proxy pour les normes de genre. Le projet teste l’hypothèse que les femmes des populations patrilinéaires ont une moins bonne santé, en raison de normes de genre plus en faveur des hommes, que les femmes des populations matrilinéaires et/ou matrilocales. Pour cela, l’analyse se fonde sur des marqueurs épigénétiques de santé, et plus précisément des profils de méthylation capturant des variations d’inflammation et de rythme de vieillissement entre individus.
Ce projet intègre également des données ethnographiques relatives aux normes de genre et niveau de stress psychosocial dans ces différentes populations, ainsi que des données de génotype haute densité. En utilisant ces données interdisciplinaires, trois hypothèses sont testées :
- les différences épigénétiques entre populations patrilinéaires et matrilinéaires/matrilocales sont plus importantes pour les femmes que pour les hommes
- les profils épigénétiques spécifiques aux femmes des populations patrilinéaires ont des implications fonctionnelles en termes de stress, de vieillissement et d’inflammation
- l’horloge épigénétique est plus rapide chez les femmes dans les populations patrilinéaires que matrilinéaires/matrilocales.
Cette étude menée par des spécialistes en génétique des populations, épigénétique, bio-informatique et anthropologie est la première à évaluer l’influence des normes de genre sur les marqueurs épigénétiques de santé.