Évènement

Soutenance de thèse en sociologie - Baudouin Long - 25 mars 2025

Baudouin Long, doctorant en sociologie, soutiendra sa thèse le mardi 25 mars 2025.

Baudouin Long a réalisé une thèse intitulée : "De Tahrir aux urnes et des urnes à Tahrir, légitimés conflictuelles dans l’Égypte en révolution (2011-2013)" sous la direction de Sarah Ben Nefissa.
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Résumé de la thèse
 
Cette recherche ambitionne de montrer comment un soulèvement populaire suivi d’une transition a pu aboutir à l’éviction violente, mais largement soutenue par la population égyptienne, des acteurs ayant remporté les premières élections libres de l’histoire de l’Égypte. Pour ce faire, la thèse propose une interprétation du phénomène révolutionnaire en Égypte, de janvier 2011 à août 2013, qui place au cœur de l’analyse la question de la légitimité. Le fait « révolutionnaire » y est appréhendé comme un processus de légitimation conflictuel, caractérisé par des affrontements qui ont pour enjeu non seulement le pouvoir et l’élaboration des règles du jeu, mais aussi leur légitimation. En s’appuyant sur des « catalogues d’événements » (composés à partir de la presse égyptienne, d’archives vidéos, de photographies, des réseaux sociaux) et d’observations réalisées lors de trois séjours longs en Égypte entre 2007 et 2013, cette thèse restitue la trajectoire révolutionnaire dans une perspective « synoptique », à travers une analyse processuelle de la conflictualité pour le pouvoir et la légitimité. Cette approche repose sur l’étude des « praxis de légitimation » mobilisées par les acteurs et de leur mise en compétition. Une praxis de légitimation y est définie comme un ensemble de pratiques productrices de légitimité, appartenant à un même registre de légitimation (révolutionnaire, institutionnel, démocratique ou transactionnel) et pouvant être mobilisées par les acteurs pour revendiquer le pouvoir, pour l’influencer ou pour définir les règles du jeu. Dans ce cadre, la trajectoire révolutionnaire se décompose en plusieurs séquences durant lesquelles alternent des phases de consolidation et des phases critiques, ces dernières formant autant de moments décisifs qui assurent le passage d’une séquence à l’autre et durant lesquels convergent les conflits, s’accroît la mise en compétition des praxis de légitimation et se joue un éventuel changement de statut des acteurs. Au-delà de proposer un modèle heuristique original pour interpréter le phénomène révolutionnaire, cette thèse permet aussi d’éclairer l’issue du processus révolutionnaire et de battre en brèche les interprétations « monocausales » et rétrospectives – en particulier celle qui mettent exagérément l’accent sur un complot de l’État profond, sur le rôle de l’armée ou sur le coup d’État. Ce travail permet ainsi d’appréhender un moment décisif de l’histoire contemporaine de l’Égypte et, au-delà des illusions et désillusions qu’il suscita, d’analyser l’échec du passage de la rue à l’urne comme le produit d’un processus ayant conduit à la délégitimation de la praxis démocratique et à la réaffirmation de la légitimation d’un État violent.